23 sept. 2010

Chapitre 3 : La Robe Médiévale


Pré-en-bulle

En bonne geek qui se respecte, et pour commencer avec une réalisation toute simple mais qui envoie du pâté : fabrication d’une robe médiévale d’inspiration Lord of the Rings et autres récits fantastico-elfico-épiques.
Cette robe peut s’adapter selon les goûts de chacun, avec ou sans manches, avec ou sans traîne, en laine toute simple ou en velours chatoyant. Tout dépend si on veut ressembler plutôt à une princesse elfe, à une magicienne ou à une paysanne du lac de Paladru.

Le patron que j’ai utilisé c’est le McCall 4491. Il en existe bien d’autres, vous pouvez en choisir un autre, je le prendrai pas personnellement (quoi que). Pour la robe toute simple sans manches, qu’on peut porter avec une chemise ou un haut en dessous, il faut seulement 5 pièces ! Alors je vois mal quelle excuse pourrie vous pourriez trouver pour ne pas essayer. « Je sais pas coudre » n’est pas une raison valable.


4 options: zéro manches, petites manches, 
manches courtes, manches immenses


Matériel nécessaire :

  •    Le patron
  •    Les 4 ou 5m de tissu
  •    Une machine à coudre
  •    Du fil de la couleur du tissu
  •    Des ciseaux qui coupent
  •    Des épingles à couture
  •    Un cerveau
Coudre les pièces ensemble

Admettons que vous ayez déjà découpé les pièces du tissu comme expliqué dans le chapitre 2. Attention ici je parle d'une version hyper simple sans les manches, pour faire les manches aussi lisez la partie sur les manches avant de faire des finitions !!!

Vous avez donc devant vous cinq pièces : le devant, les côtés et les deux parties de l’arrière. Si vous avez plus de 15 de QI, vous remarquerez que les pièces se ressemblent beaucoup, on dirait même que si on les met côte à côte elles s’emboitent parfaitement. En effet Micheline, elles sont faites pour s’emboiter !



On attrape donc la pièce du devant et une pièce du côté, et on aligne parfaitement les bords. Si le tissu est identique recto verso, on se fiche du sens. Si le tissu a des motifs ou un côté « joli » et un côté « moche » comme du velours par exemple, il faut aligner les pièces endroit contre endroit. On travaille toujours sur l’envers pour faire des coutures !

Quand c’est tout bien aligné, on épingle. Ça veut dire : on prend des épingles à couture et on s’en sert pour attacher les pièces ensemble 2 par 2, endroit contre endroit, à intervalles de 5cm environ ou comme bon vous semblera.

Enfin, attention les yeux : on passe sur la machine à coudre ! Comment attacher le fil sur une machine devrait figurer dans le mode d’emploi sinon on fera une note à ce sujet plus tard. On pose donc notre future couture sous l’aiguille de la machine, en tenant le tissu bien droit. Ensuite, il faudra retirer les épingles au fur et à mesure qu’on coud, sinon on risque de tout péter en cousant sur les épingles !
Et voilà une couture de faite ! On remet ça pour toutes les autres pièces, en les cousant dans le bon ordre si possible (le devant avec les côtés puis les cotés avec l'arrière et enfin l'arrière ensemble) et au final on obtient un truc qui ressemble à une robe, à l’envers avec des coutures partout.

On « ouvre les coutures » avec un fer à repasser pour bien les aplatir au milieu, on recoupe les coutures si trop de tissu en dépasse, et on retourne l’œuvre d’art afin de l’essayer.




Attention aux repères qui signalent les endroits où stopper la couture, notamment dans le dos, où on ne coudra que jusqu’à mi-hauteur, avant la fermeture éclair (hérésie) ou le laçage. Ils sont signalés par des cercles sur le patron, à reporter fidèlement sur le tissu.

Le truc informe qu'on obtient après coutures, ici avec manches
courtes puis manches longues


Finitions et décorations

Pour la forme du décolleté, on peut la changer, ovale, carrée, large ou plus petite.

Les finitions : fermer les bords bruts. En bas de la robe, il faut faire un ourlet, en repliant le tissu une ou deux fois afin de créer une petite bordure et cacher le bord brut qui s’effiloche. Commencer à le former en maintenant avec des épingles puis repasser la pliure, l’ourlet tiendra mieux pendant le passage à la machine à coudre. Idem pour les bords au niveau des bras et de l’encolure, on fait un tout petit pli et on coud.



Enfin, la touche de déco finale qui transforme un simple bout de tissu en robe fabuleuse : les galons et les décorations ! Un galon est une bordure décorative, qui peut être de toutes les couleurs, avec tous les motifs, en fil d’or ou d’argent, avec des broderies, des entrelacs, etc. On en met notamment tout autour  de l’encolure,  au bout des manches quand il y en a, et pourquoi pas tout autour de l’ourlet en bas de la robe.  En gros customisez tout ça à votre sauce !

 Galon métallique sur encolure carrée - Galon métallique entre manche courte 
et extension longue - Galon métallique au bord de la manche longue


On complique l’affaire avec des manches !

Et oui pour pouvoir jouer les jeunes elfes effarouchées, mieux vaut avoir des grandes manches démesurées, ça rajoute à l’effet dramatique. Le plus joli c’est de prendre un tissu différent pour les longues manches, encore une fois, pour l’effet dramatique.

Pour les manches : 6 pièces en plus :
  •    Deux petites manches
  •    Deux goussets (pièce en losange pour lier la manche au reste de la robe)
  •    Deux graaaaaaaandes manches
Deux options : coudre seulement les manches courtes ou coudre les courtes et les extensions.

 Manche longue après découpe

Pour coudre une manche, c’est chiant parce que ça tourne. Mais fort heureusement les machines à coudre ont un système pour ça : on déboite le fond et pouf : il reste un cylindre au milieu autour duquel poser la manche !
Alors, on fait marcher son ciboulot pour déterminer comment poser la manche endroit contre endroit,  par-dessus l’épaule de la robe. On épingle le tout, on vérifie trois fois qu’une fois tout remis à l’endroit, la manche sera bien dans le bon sens, on enfile la manche sur le cylindre de la machine à coudre, et on fait une couture tout simplement.



Ensuite, on retourne la robe et on se rend compte qu’il faut tout découdre car la manche est montée à l’envers (couture à l’extérieur) et qu’on s’est trompé, donc  on recommence.

(La manche aura été préalablement fermée par une couture pour devenir cylindrique… cela va de soi)

On pose les jolis galons/bordures/machins qui brillent au niveau de la séparation manche courte/manche longue d’elfe, afin de cacher la couture et de contraster entre les différents tissus, et on fait l’ourlet final de la longue manche, en ajoutant là aussi un galon si on veut.

Le pire de tout: la fermeture arrière !

Dans ce modèle, la fermeture est composée de deux rangées d'œillets avec un ruban pour lacer le tout. Joli mais pénible à poser. Je vous le dis tout de suite, n'essayez pas de poser les œillets avec le machin en plastique livré dans toutes les boites d'œillets. Ça ne peut pas finir bien ! Investissez plutôt une dizaine d'euros dans une "pince pose œillets". Croyez moi, ça change la vie, et on peut trouyoter du tissu à tout va sans s'éclater les doigts, les œillets et la robe avec. Dans ce modèle également on ne pose pas les œillets à même le tissu. On fabrique deux petites bandes de tissu, on pose les rangées d'œillets dessus, puis on coud les bandes de chaque côté de la fermeture du dos.

 Sur ce (mauvais) exemple, on voit les deux bandes de tissus avec les oeillets dessus.
Les oeillets ont été douloureusement posés avec le machin en plastique (plus jamais)
et ils sont trop éloignés les uns des autres. Le lacet est moche mais c'était juste pour
faire un essai...


Pour résumer, si tout s’est bien passé, si vous n’avez pas craqué votre slip et bouffé la boite d’épingles et la robe avec, ça devrait ressembler à ça :

 Version rouge et noire avec velours rouge et soie noire, ceinture, boutons décoratifs et galons.
Galon large avec fils métalliques: Calontir trims
Tissus: Toto (velours) et marché saint pierre
Boutons en forme de fleur d'or avec perle noire cousus au centre pour fixer.


  Version coton violet et manches en polyester transparent, galons en fil doré métallique. 
Galon large 'dentelle d'or': Mokuba
Tissus: Marché saint Pierre


12 sept. 2010

Chapitre 2 : le patron parfait

Dans ce chapitre, nous aborderons la confection d'un patron. Je dirais que c'est l'étape la plus cruciale et la plus difficile de la fabrication d'un vêtement. Par conséquent, c'est aussi en général l'étape qu'on rate puisqu'il s'agit de découper les pièces de la robe ou du costume dans le tissu qu'on vient d'acheter et qui est tout joli !!! Alors pas le droit à l'erreur !

La meilleure chose à faire est de découper les pièces dans du tissu pas cher d'abord (par exemple, les vieux draps de mamie Josette) pour vérifier que tout va bien, et dans le cas contraire faire les changements qui s'imposent. Mais bon ça veut aussi dire qu'il faut tout découper 2 fois ! Pas cool mais conseillé.

Pour commencer, il faut trouver le patron. Le plus simple c'est d'en choisir un sur internet et de l'acheter, ça coûte seulement quelques euros et ça arrive tout prêt à découper dans du papier de soie, on les trouve presque tous sur le site sewingpatterns.com. Sinon, on peut en trouver des gratuits à imprimer à partir de dessins mais il faudra tout mesurer, calculer les proportions et le redessiner sur du papier grandeur nature. Là je vous raconte pas le bordel.
Pour les corsets, c'est différent, mais ça fera l'objet d'un autre chapitre !

Les patrons du commerce sont vendu en plusieurs tailles donc attention à vérifier que la vôtre fait bien partie du lot (les tailles sont US ou UK).
On parlera du choix d'un tissu plus tard, imaginons que vous avez déjà trouvé le tissu parfait et acheté le nombre de mètres dont vous aviez besoin comme indiqué sur la notice...

1) Découper les pièces du patron en suivant les lignes au numéro de votre taille. Parfois des petites encoches indiquent des endroits important de la pièce, découper autour.



2) Plier le tissu comme l'indique le schéma, selon s'il mesure 110cm ou 150cm de large. En effet, il faut souvent couper des nombres pairs de pièces. Pour couper certaines pièces deux fois on plie tout simplement le tissu en 2 avant de découper le tout. Faire bien attention au nombre de copies dont vous avez besoin à chaque fois (mais c'est écrit dessus comme le Port Salut). Parfois, on coupe des pièces au bord du pli, pour qu'une fois découpées, les deux épaisseurs forment une seule pièce symétrique, comme le devant d'une robe par exemple.



3) Disposer les pièces du patron sur le tissu comme indiqué par le mode d'emploi (il y a des petits numéros). Attention, il faut toujours poser les pièces dans le sens indiqué, pour que ce soit compatible avec le sens de la fibre du tissu (appelé le "droit fil"). Une flèche sur chaque pièce de patron l'indique.



4)  Epingler chaque pièce sur le tissu pour que ça ne gigote pas au découpage



5) Trouvez des ciseaux qui découpent bien, respirez à fond et découpez !!!

Et voilà, le plus dur est passé, vous avez maintenant entre 1 et 1000 pièces de tissus (selon les modèles) qu'il ne reste plus qu'à assembler. Youpi.

3 sept. 2010

Chapitre 1 : Trouver l'inspiration

Commençons par le commencement : se lancer dans un projet de couture un peu fou (c'est tout l'objet de ce blog) nécessite une bonne dose d'ambition, de patience et d'inconscience, mais aussi et surtout l'INSPIRATION. Elle peut frapper à tout instant mesdemoiselles ! Elle se cache partout ! Dans un film, une pièce de théâtre, un festival, un musée, un épisode de certaines séries pour ados de l'upper east side, une boutique dans un coin paumé, le vieux placard de tante Jocelyne...

Les symptômes, très reconnaissables, sont les suivants :
- admiration de la robe ou costume en question
- convoitise démesurée pour ce même objet qui tourne à l'obsession
- besoin irrépressible d'obtenir le même et de le fabriquer soi-même

Dans ce cas, ne paniquez pas, tout va bien se passer. Avant de vous jeter sur vos rideaux, telle une Scarlett O'Hara, pour y découper des morceaux de tissus informes, du travail s'impose: FAIRE DES RECHERCHES.

Curtain Dress: A gauche la version Vivien Leigh, à droite la version Carol Burnett. 
L'une d'elles n'a visiblement pas fait beaucoup de recherches.

Amy Adams aussi sait découper dans les rideaux de son petit copain McDreamy.
Elle a la fâcheuse habitude de chanter en même temps mais le résultat est là. 

Si vous ne voulez pas que votre oeuvre ressemble à un déguisement d'halloween premier prix, il va falloir être patient. D'abord, trouvez le maximum de photos qui illustrent à la perfection votre projet (magasines de mode, photos de films, dessins...) faites évoluer votre idée au fil des exemples que vous découvrez.
Ensuite, faites des croquis (allez y personne ne sera là vous vous juger) pour mieux imaginer le résultat final.

Si votre projet est une tenue plutôt moderne, vous pouvez directement passer à l'étape "trouver le patron".

Si en revanche votre projet est un costume historique (robe médiévale, renaissance, corset, science fiction...) ou farfelu (théière géante, lapin crétin, brosse à dents) il faut vous renseigner sur la construction du vêtement. Quels étaient les sous-vêtements ? Comment la forme finale est-elle obtenue (crinolines ? vertugadins ? jupons ? corset ?) ? Quels étaient les tissus utilisés ?
Et pour les projets délirants : Comment réussir à fabriquer ce truc en s'inspirant de choses réelles ? (imaginons par exemple la fabrication d'une crinoline modifiée en forme de théière afin de briller lors de la prochaine soirée Alice au pays des merveilles...)

Dans tous les cas, Google sera votre ami. En plus de Google Images, il existe beaucoup de sites spécialisés sur telle ou telle époque et des "dress diaries", sortes de journaux de bord de la construction de costume tenus par toutes les costumières en herbe comme nous.

La suite au prochain chapitre : le Patron